La face cachée du métier de RSSI : le burn-out

RSSI : prévenir le burn-out d’un rôle clé en cybersécurité

Chargé de mener la politique de sécurité de l’information d’une entreprise, le RSSI (Responsable Sécurité des Systèmes d’Information) remplit des missions de conseil, de sensibilisation, de formation et de veille. Il aide la structure dans laquelle il travaille – en interne ou en tant que prestataire extérieur – à anticiper les risques, faire face aux menaces et préserver l’intégrité des données stockées dans le système d’information. Véritable poste stratégique, le RSSI est soumis à un stress important engendré par ses responsabilités et par des conditions de travail parfois éprouvantes. Résultat : de nombreux professionnels expérimentent un profond épuisement professionnel. Quels sont les facteurs de risque du burn-out chez le RSSI et comment les éviter ?

Le RSSI : un poste aux enjeux majeurs

Le Responsable Sécurité des Systèmes d’Information est en charge de nombreuses missions au sein de son entreprise. Il doit notamment : 

  • Définir les objectifs et les besoins liés aux Systèmes d’Information de l’organisation.
  • Évaluer les risques et les menaces existants (phishing, logiciels malveillants, attaques DoS, ransomware, etc).
  • Mettre en place des procédures adaptées.
  • Élaborer un plan de prévention et instaurer la politique de sécurité de l’administration. 
  • Sensibiliser aux enjeux de la sécurité auprès de l’ensemble des services et des collaborateurs. 
  • Veiller au respect et à l’application du RGPD (Règlement Général de Protection des Données). 
  • Former toutes les parties prenantes de l’entreprise aux enjeux de la sécurité des SI. 
  • Établir et promouvoir une charte de sécurité propre à l’entreprise. 

Véritable expert des questions de sécurité, le RSSI est par ailleurs en mesure de détecter les failles dans la sécurité des SI de l’entreprise. Il peut travailler dans une structure privée comme publique, pour différents secteurs d’activité. 

RSSI et burn-out : les facteurs de risque

Le RSSI est donc un poste polyvalent et stratégique, généralement occupé par des profils passionnés par la cybersécurité. Depuis quelques années, le métier tend toutefois à perdre de sa superbe et le secteur rencontre de plus grandes difficultés à recruter. Avec des salaires revus à la hausse et le développement des ressources disponibles, on pourrait s’attendre au phénomène inverse. Mais face à un stress de plus en plus intense et compliqué à gérer, de nombreux responsables voient leur santé mentale se dégrader ; une situation qui aboutit parfois à un épuisement professionnel. 

Une enquête du CESIN (Club des Experts de la Sécurité de l’Information et du Numérique) révélait, en 2023, que près de 28% des RSSI présentent un risque d’épuisement au travail, tandis que 60% d’entre eux affirment être très stressés au quotidien. Afin de mieux comprendre le phénomène, la profession a identifié plusieurs causes : 

  • Des responsabilités et des taches de plus en plus nombreuses, parfois difficiles à gérer pour une seule personne. 
  • Des conséquences juridiques non négligeables pour certaines de leurs actions, parmi lesquelles des amendes importantes pour l’entreprise (qui peuvent atteindre des milliers d’euros).
  • Des environnements numériques davantage complexes et pas toujours fiables.
  • Un équilibre insuffisant entre vie professionnelle et vie privée. 
  • Une pression permanente provoquée par des menaces grandissantes, aujourd’hui amplifiées par les outils basés sur l’intelligence artificielle, mais également par de nombreuses règlementations et certifications à valider avant d’être appliquées.
  • Des négociations permanentes en cas de manque d’adhésion de la part de la direction ou des équipes. 
  • Un champ d’action si vaste qu’il incite le RSSI à considérer que son travail n’est jamais totalement terminé. 

Ajoutons à cela la pandémie de Covid-19, survenue en 2020, qui a provoqué une véritable crise au sein du secteur. Du jour au lendemain, les responsables ont dû repenser l’ensemble des systèmes d’information afin de permettre le déploiement du télétravail ; une mission colossale souvent demeurée invisible pour les utilisateurs. 

Quelles solutions pour préserver la santé mentale des RSSI ?

Face à ce constat et à un nombre croissant de burn-out dans ce corps de métier, plusieurs moyens ont progressivement été mis en place pour endiguer le phénomène, préserver la profession et protéger ceux qui l’exercent. 

Il s’agit notamment de proposer des formations techniques en cybersécurité qui permettent de se mettre à jour sur les évolutions constantes du secteur, mais également d’acquérir de nouvelles compétences et de maintenir le lien avec ses pairs. Il est par ailleurs essentiel de sensibiliser les membres de la direction à l’importance de la fonction RSSI et aux risques encourus. Une bonne connaissance de ces enjeux encouragera la direction à partager la considération pour les règlementations en vigueur et à soutenir le RSSI face à l’éventuel scepticisme de certains salariés ou de certains services.

Si aucune entreprise ne fonctionne parfaitement, il est toujours possible de s’améliorer en identifiant les mauvaises habitudes et les process contreproductifs. Cela permettra au RSSI de trouver un bon équilibre au travail et d’être dans de meilleures conditions pour s’adapter aux multiples changements liés à son métier. 

Dans la mesure où le RSSI a une fonction managériale, il doit savoir reconnaître les signes de stress ou de mal-être chez ses collaborateurs. Il maintient ainsi une bonne qualité de vie au travail et un climat sain au sein de son équipe, où entraide et préservation de soi vont de pair. Pour y contribuer, l’entreprise peut aussi financer des formations de gestion du stress et des programmes centrés sur le bien-être ; de quoi constituer un socle solide pour améliorer les conditions de travail générales. 

La création et la préservation d’un environnement de travail favorable au RSSI et à l’exécution de ses taches font partie des missions du DRH (Directeur des Ressources Humaines). Celui-ci joue un rôle majeur dans la prévention du burn-out des salariés et des collaborateurs d’une entreprise. La direction doit alors mener un discours de prévention et de sensibilisation auprès de ce département afin qu’il saisisse les enjeux de la sécurité des systèmes d’information et l’importance de la mission du RSSI. Ce poste étant au cœur des décisions stratégiques d’une organisation, il est temps de le considérer de manière plus juste, de prendre conscience du risque croissant de burn-out et de lui offrir un cadre à la fois stable et sain pour lui permettre d’exceller dans sa fonction et pérenniser la profession.